Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE REMIER. 97

et souvent de plus sanglants trophées destinés au capitole de Tsettinjé.

De la petite forteresse de Spuz, on se rend à Danilorad en deux heures et demie, et de ce dernier pot our atteindre le fond de la plaine qui se rétrécit in-

sensiblement du côté de Nicksitch, il faut un temps au moins aussi considérable. La mise en culture de toute la plaine des Biélopavitj assurerait à elle seule au Monténégro des ressources annuelles suffisantes, et empêcherait le retour de ces famines si fréquentes, préparées en quelque sorte par la paresse et l'inertie de la population ; mais, laissant même de côté la question financière, dont la solution serait impossible pour la principauté, nous devons considérer qu'il faudrait alors de toute nécessité sacrifier les bois et les nombreux taillis qui forment dans la plaine autant de lignes de défense, dans le cas d'une marche concentrique des Turcs partant à la fois de Nicksitch et de Spuz, ainsi que cela eut lieu à plusieurs reprises, et spécialement en 1862.

Aussi tout en vantant la fertilité des Biélopavitj, et tout en préconisant les résultats auxquels on arriverait par des travaux sérieux de défrichement, d'irrigation et de drainage, le gouvernement monténégrin se garde bien de faire les dispositions préparatoires pour l'exécution d'un projet qu'il semble avoir tellement à cœur de réaliser. À une demi-heure de Danilograd, s'élève sur un monticule abrupt et pierreux le village d'Orja-louka. Malgré la création de la ville voisine, c’est encore le séjour ordinaire du prince quand il vient passer quelques jours dans les Biélopavitj; il y possède une petite maison de campagne précédée d’une esplanade, d’où l’on jouit d’une

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