Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DEUXIÈME. 105

ierres, puis, contournant la montagne, elle s'étale en une vaste nappe devant l'arsenal d'Obod ; quelques instants après, resserrée dans son lit par le quai de Riéka dont elle franchit souvent le parapet, elle longe le bazar et passe Sous la double arche d'un pont assez élevé, mais trop étroit et d'une construction un peu primitive. jei commence pour la Tsernoïévitja Riéka une course folle de trois lieues à travers un labyrinthe de montagnes qui, tantôt resserrant son lit, tantôt s’éloignant pour Jui permettre de se transformer en une succession de petits jaes aux horizons brusquement coupés par les crêtes voisines, font du voyage de Riéka à Lessandra un enchaïnement de surprises et d'enchantements. Enfin les rives s'écartent de plus en plus, des sentinelles ottomanes apparaissent au pied d’une petite forteresse, l’ilot de Vrajina montre sa croupe ondulée comme une selle orientale et Ja Riéka mêle ses eaux à celles du lac albanais. Les quelques cultures que l’inclinaison du terrain rend possibles sur la rive gauche de la rivière, sont fréquemment submergées et deviennent, ainsi que nous l'avons dit, des foyers pestilentiels. Mais la profondeur des eaux qui permettrait à de petits vapeurs de remonter jusqu’au bourg, fait qu'une navigation assez active est établie entre Scutari et Riéka; de nombreuses londras manœuvrées par dix ou douze rameurs, montent et descendent incessamment la rivière, animant pittoresquement le paysage. C’est par la Tsernoïévitja Riéka que les bois de la Moratcha réunis en radeaux, et traversant d'abord les eaux monténégrines du lac, remontent ensuite jusqu'à Obod, pour y être débarqués devant le petit arsenal où une scierie mécanique a été récemment installée. 5° L'Orahovta n’est qu'une petite rivière dont la