Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE TROISIÈME. 141

pendant lesquelles il ne lui est pas. même permis de boire du vin. Ses jeûnes sont tels, que l’ascétique le plus rigide saurait à peine atteindre cheznous, cariln’a guère de ressources contre les exigences de son estomac que dans son pain grossier de maïs, l'ail, l'huile rance, les pommes de terre et une sorte de choucroute infecte dont il fait son unique régal. Il est néanmoins une privation qu'il ne saurait s'imposer pendant ce temps de pénitence, c'est celle de l’eau-de-vie, et dans cette occasion il a vraiment de bonnes raisons pour être entièrement pardonné.

M. Cyprien Robert a dépeint sous les couleurs les plus vraies le côté religiéux des Monténégrins.

« Les voisins occidentaux des Tsernogortses, dit-il, leur attribuent les plus grossières superslitions ; suivant eux le Monténégrin se croit tout permis, pourvu qu'il donne la dîme aux moines et qu'il partage avec les monastères le butin des Tchetas. Chez les chrétiens d'Orient, au contraire, il passe et avec raison pour un espril fort.

ten NC La plupart de ces guerriers oublient enfin jusqu’à l'Oraison dominicale, et de tout le christianisme ne connaissent plus guère que les jeûnes et le signe de la Croix |. »

Errante à travers ses rochers, absorbée incessamment par les occupations dela guerre, la famille monténégrine ne pouvait guère songer à donner aux travaux de l’esprit un femps voué aux soins de sa propre sécurité. Pierre IT personnifie à lui seul, jusqu’à nos jours, toute l'histoire littéraire de la principauté, et il faut arriver jusqu’à ces dernières années pour voir le mouvement

1 Les Slaves d'Orient.