Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

196 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

taines, appelant aux armes avec Tyrtée un nouveau peuple de Spartiates, ou, comme Simonide, se voilant la face pour chanter la douleur.

Mais déjà la nuit s'avance; les derniers tisons s’éteignent un à un, envoyant encore de joyeuses étincelles ; les anciens se lèvent en adressant à la compagnie un $0nore Dobra vi notche, et les amis du dehors, s'emparant des lourdes couvertures, choisissent autour de l’âtre la place la plus commode pour attendre le lendemain.

Si les incidents journaliers se succèdent dans l'existence du Monténégrin avec une monotone régularité , bien éloignée de l'activité dévorante de la vie moderne, l'année elle-même dans sa révolution ne lui apporte guère d’autres distractions que ses fêtes nombreuses et toutes religieusement chômées, les réunions militaires , les rendez-vous de chaque semaine aux bazars voisins : enfin quelques voyages à Cattaro ou dans l'intérieur du pays. Mais que la frontière soit Le théâtre de quelque lutte sanglante, que des bruits de guerre circulent dans l'air, tout va prendre une autre face; en quelques heures la Tsernagore tout entière se ranime, les contingents des villages sont prêts et n’attendent qu'un mot des capitaines pour se réunir et s'élancer dans les montagnes ; les handjars sont aiguisés, les {séjé garnies de cartouches. Qu'un ordre du prince arrive de Tsettinjé et, de toute cette aristocratie oisive, de ces laboureurs et de ces pasteurs, il ne reste plus qu’une armée où, du voivode jusqu’au dernier soldat, tous sont prêts à faire le sacrifice de leur vie pour la défense et l'indépendance de la Montagne-Noire.

Quand les destinées fatales de la guerre ne viennent point couronner la carrière du Monténégrin, en lui appor-