Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEPTIÈME. 215

sorte Moins criminel au Monténégrin de tuer un ennemi par. vengeance, lque de manger de la viande pendant le temps défendu, prépare longuement celui-ci aux réjouissances qui rempliront la solennité de Pâques.

Après les dernières macérations de la sainte semaine, pendant laquelle, anciennement, avaient lieu des trèves entre les tribus en hostilité, et une suspension dans les

: 4 À représailles de la vendetta la plus acharnée, le chant du pope, reténtissant avant l'aube au fond de l'iconostase et annonçant la résurrection du Christ, est accueilli par tous comme une nouvelle heureuse ; aussi, comme à Noël, des embrassements fraternels sont échangés, en signe de paix, de concorde et d’allégrésse; puis, après le partage du pain bénit, on va joyeusement s'asseoir au festin de l'agneau pascal, pour lequel la plus pauvre famille a su Lretrouver dans ses modestes épargnes de quoi se donner pour un jour un semblant d'opulence. . "4

Dans les villages éloignés, il est encore d'usage de porter bénir le matin à l’église l’agneau rôti, des œufs, du fromage, du pain et du sel; tout ce qui n'est pas mangé est brûlé, car on ne saurait jeter ce qui a été ainsi sanctifié. Cependant les coups de pistolet retentissent partout , mêlés, au cri de la résurrection, do tistinou voskres. Le vin, l'eau-de-vie ne sont point épargnés, et, sur le premier gazon printanier ou’ sur la place du village, la danse nationale retiendra les montagnards jusqu'au soir. Le lundi de Pâques est consacré aux défunts, sur les tombes desquels on allume des cierges et des lampes, tandis que les heures s'écoulent, mêlant les prières funèbres aux derniers cris de fête. Au temps où les adoptions fraternelles étaient plus répandues, c'était aussi la semaine de Pâques que l'on choisissait de préférence