Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE VIII.

De Trieste à Cattaro. — De Cattaro à Tsettinjé. — La capitale du Monténégro.

Autant la traversée de l’Adriatique à bord des paquebots qui, trois fois par semaine, la sillonnent de Trieste jusqu’à Corfou, est lente et fastidieuse , au gré du voyageur pressé par le temps ou tracassé par le souci des affaires, autant elle offre d'attraits au touriste poursuivant la nouveauté et limprévu, ou au savant désireux de voir ressusciter le passé au milieu des monuments qui, sous ses yeux, le font revivre partout.

Pourlun, ce ne sont qu’escales incessantes grossissant chaque fois la foule encombrante du pont ou des cabines, nuits perdues au mouillage, bourrasques subies ou à redouter ; pour les autres, au contraire, c’est le pittoresque des costumes les plus divers et des habitudes les plus étranges ; c’est le panorama sans cesse renouvelé des types les plus variés; c'est le concert de toutes les langues européennes s'entremélant et se répondant dans une nouvelle Babel.

Puis apparaissent des ilots sans nombre, de vastes archipels , des chaînes de montagnes se perdant à l'horizon, ou prêtes à écraser le navire qui file audacieusement à leur pied; cà et là se dessinent aussi des villages de pêcheurs romantiquement semés sur les rivages, de vicilles basiliques, des monastères en ruine, des cités

où des murailles de vingt siècles servent de base à des 14