Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE HUITIÈME. 269

à

du monastère et près du mur d'enceinte du nouveau palais, on voit quelques ruines marquant l'emplacement occupé jadis par le monastère d’Ivan le Noir, détruit par Soliman de Scutari en 1690.

Pierre Il, auquel l'habitude des voyages en Europe et des goûts un peu plus raffinés que ceux de son peuple, devaient faire paraître bien misérable le séjour du vieux monastère, se fit construire le vieux palais, vulgairement appelé à Tsettinjé, Bigliardo”, qui servit éqalement de demeure à son successeur Danilo.

C’est un long et triste bâtiment, rappelant par sa disposition un véritable couvent, et composé d'un rez-dechaussée et d’un étage. Un étroit corridor, coupé de distance en distance par des portes massives, et sur lequel s'ouvrent comme des cellules une trentaine de chambres, se continue sur toute la longueur de l'édifice, en haut comme en bas, ayant pour dégagements, à l'étage, deux larges escaliers. Le prince Danilo fit ajouter au palais une aile en retour, affectée entièrement au Sénat, qui aujourd’hui encore y tient ses séances, après l'avoir cependant abandonnée pendant plusieurs années.

De 1869 à 1873 le vieux palais de Pierre IL servit de local au séminaire (bogoslavia), qui à été ultérieure-

du saint synode dans le but d'obtenir la canonisation du saint vladika. Cette requête ayant été acceptée, Pierre 1°", vénéré comme un saint, repose aujourd'hui, revêtu de ses ornements sacerdotaux, dans le sarcophage de la petite église du monastère où les Monténégrins se rendent en pèlerinage de tous les points de la principauté, à l'époque de la fête qui se célèbre chaque année, le 9 juillet. Cette fête a pu amener quelquefois jusqu'à neuf ou dix mille étrangers dans la capitale; il y en a communément de six à sept mille à cette occasion.

2 Ce nom de Bigliardo lui vient de l'impression profonde ressentie par les gens de Tsettinjé à l'arrivée d'un billard destiné au palais princier, et pour le transport duquel cinquante individus furent nécessaires,