Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
g£ LE MONTÉNÉGRO CONTEMPO
sina), a conservé le nom de Tsarévlaz (la coupe impériale ).
A cette nouvelle le sultan Ahmet jure devenger l'honneur ottoman, et, donnant l’ordre de réunir la plus grande armée possible, il confie à son plus illustre général, Numan Pacha Tchuprilitch, le commandement de cent mille hommes avec lesquels celui-ci s'avance sur Les confins d'Herzégovine (1714). Plus sûr de triompher des Monténégrins par laruse que par la force, le pacha fait dire à Danilo qu’il est disposé à traiter avec lui et le prie de lui envoyer à cet effet quelques chefs importants, Danilo, comptant sur sa parole, lui délèque trente sept de ces derniers; mais à peine soni-ils au camp ennemi que Tehuprilitch les fait emprisonner. Ilmarche alors avec toutes ses forces contre les Tsernogortses qui, très-inférieurs en nombre et manquant absolument de munitions, se débandent et fuient de tous côtés une mort certaine. L'armée des Osmanlis inonde la Montagne Noire, pillant et ravageant villages et églises, et arrive enfin jusqu'à Tsettinjé où elle renverse le monastère reconstruit par le vladika Danilo. Les trente septchefs envoyés pour traiter sont pendus, les femmes et les enfants emmenés en esclavage, et le flot des barbares poursuivant sa marche impétueuse, roule vers Cattaro et les Primore pour rentrer ensuite en Albanie, et de là rejoindre les armées du grand visir et les aider à enlever aux Vénitiens la Morée. Impuissants à relever leurs églises et leurs villages, les Monténégrins chargent leur vladika d'aller demander au tsarles secours qui leur sont indispensables (1715). Pierre le Grand, sachant ce qu’ils ont souffert par suite de leur alliance avec lui, leur envoie, par l’entremise de Danilo, deux ukases où 1l leur adresse ses félicitations et l'assurance de son amitié, et en même temps il leur fait remettre cent soixante médailles d’or et dix mille roubles d'argent.
Le vladika était à peine de retour de Russie (1716), que les Tures, craignant de voir le Monténégro se relever pour venger la trahison de Tchuprilitch, se rassemblent sous les ordres des deux Dchengiteh, pachas de l'Herzégovine, et du bey Lioubovitch, et envahissent la frontière de Soutsa. Les