Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

A MONEENEERVU, CONTEMPORAIN,

s'amusent alors à prendre à la main le poisson vivant, puis à le relâcher, et quand ils voient l'oiseau repu , ils le chassent lui-même. Mais le plongeon se lève avec des battements d'aile si violents qu'il repousse en l'inondant celui qui veut le prendre, puis il va se reposer à demi caché dans l’eau.

« Je vais dire ici quelque chose d'extraordinaire , et pourtant j'affirme que c’est la vérité : celui qui tirerait avec une de ces longues arquebuses qu'on emploie dans les lagunes de Venise à la chasse des oiseaux , atteindrait autant de ces plongeons qu'il aurait envoyé de grains de plomb. Je dirai encore que les plongeons, repus de poisson, se trouvant trop lourds pour reprendre leur vol, peuvent être saisis vivants à la main depuis les bateaux, comme s'ils étaient tout à fait domestiqués, et qu'il m'est arrivé d’en tuer dix du même coup d’arquebuse sur les arbres où ils étaient perchés, sans que les autres bougeassent plus que si rien n’était arrivé. Je dirai, chose étonnante! que dans l'air ils vont se réunir en compagnie, et si serrés, qu'ils apparaissent semblables à une nuée dense et noire, obseurcissant le jour. Ces oiseaux jouissent de ce privilége, qu'on ne peut tirer sur eux, spécialement sur le lieu dont il a été question, sans encourir une amende de quatre ducats par tête de plongeon tué, sans compter la confiscation des armes. Et cette disposition est d'autant plus raisonnable que, sans ces indispensables auxiliaires, la pêche des scoranze ne pourrait avoir lieu. Aussi les habitants de Jabliak les ont en grande vénération , et par la quantité des oiseaux ils augurent du bon résultat des pêches. Enfin, les proPriétaires des nasses lèvent celles-ci pour y voir le résultat du travail des plongeons, et ils les trouvent par-