Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

286 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

d'œil pittoresque de la rive du Skadarsko-Blato qu'on longe presque constamment et à une faible distance.

C’est à Riéka que nous devons revenir pour trouver les guides et les montures indispensables à un voyage dans les Bielopovitj. Comme c'est une des plus lonques excursions dans la Montagne-Noire, il importe de partir dès l'aurore et de se précautionner de vivres, si l'on veut à la fois arriver de bonne heure à Danilograd et ne point s'exposer à mourir d’inanition dans les solitudes de la Liéchanska. Après six heures d'une marche extrémement pénible, on est parvenu au sommet des crêtes de cette nahia montagneuse, et l'on embrasse alors, dans un immense panorama, les montagnes des Berda et celles d’Albanie, les Pipéri, toute la Zéta inférieure, Spuz, Podgoritsa, Scutari, le Skadarsko blato et le Malo blato; puis la Zeta Riéka et la Moratcha, réunissant leurs eaux au-dessous de Dukla, et, bornant l'horizon, les sommets de la Moratcha et des Vasojevitj, dominés eux-mêmes par le Kom, le Vojnik et le Dormitor..

On descend ensuite pendant une demi-heure pour atteindre un vaste plateau d’une lieue de longueur, dominant de cent cinquante mètres environ la vallée des Bielopavitj; et dès que l'on a franchi le pont de Medijitsa, il suffit d'une heure pour atteindre la nouvelle ville de Danilograd. Celle-ci n'étant encore qu’en voie de fondation, on aura hâte de la quitter dès que l'on aura visité le pont de Mirko, ainsi qu'à une demi-heure de là, sur la rive gauche de la rivière, et dans une très-jolie position, un vieux monastère où se trouve un dépôt d'armes. Danilograd possède une école et une station télégraphique ; il s'y tient le dimanche un bazar assez fréquenté. Sur un monticule de rochers, isolé dans la plaine, s'élève, à