Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

288 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

de Scutari etide Podgoritsa étalent dans des boutiques improvisées les plus beaux produits de l'Albanie : armes ciselées, bijouterie de filigrane, vêtements brodés et soieries de toute sorte. Chacun se fait un devoir de porter au saint soit une offrande en argent, soit un joyau de famille, ou, plus modestement, un objet de ménage, une pièce quelconque de vêtement. La fête terminéé, tout ce qui n’est pas argent monnayé est vendu à l'encan à des marchands albanais, et le produit, qui s'élève d'habitude à cent cinquante talari, est joint aux trois où quatre mille florins versés par les pèlerins dans le trésor de saint Basile.

Quand le prince ne se rend pas lui-même à Osirog pour assister à la fête, il y est toujours représenté par le président du Sénat ou par quelque personnage de sa famille. Mais sa présence, ainsi que nous l'avons vu plusieurs fois, donne une importance considérable et un éclat particulier à ce concours de peuple, plus encore politique que religieux. Aussi les autorités ottomanes ne voient pas d’un bon œil les familles orthodoxes de leurs

provinces accomplir dans la Montagne-Noire un pèlerinage, où elles vont retremper et leurs croyances religieuses et leurs espérances nationales.

Depuis la fin de l'année 1873, le séminaire (4ogoslavia), institué primitivement à Tsettinjé, a été transporté au couvent inférieur d'Ostrog. C’est là que, dans la solitude la plus complète, les jeunes Monténégrins destimés au sacerdoce orthodoxe où à l’enseignement scolaire, recoivent sous la direction du très-honorable archimandrite Ljubitch, une instruction mélangée, dans laquelle on a dû faire entrer, à côté de l’enseignement théologique, la grammaire, l'histoire et les sciences auxquelles