Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DIXIÈME. 303

gues, nous ne saurions reconnaître comme vraie une assertion aussi contraire à la réputation et au caractère d'Omer-Pacha qu’à la dignité de la Sublime Porte. Nous comprenons qu'en 1861, comme aujourd'hui, le gouvernement monténégrin, même dans des dispositions sincères de neutralité, ait été impuissant à retenir ses gens dans l'impassibilité, alors que la lutte était engagée entre leurs frères et les musulmans; tout ce qu'on peut dire pour sa défense, c'est que des faits isolés n’engageaient point absolument sa responsabilité, et que les mesures prises par le général ottoman péchaient par un excès de rigueur bien propre à légitimer des représailles. C'est donc à tort que Nicolas I‘, continuant de suivre la ligne de conduite qui lui était en quelque sorte imposée, ne profita point de la déclaration du blocus pour lancer ses vingt-cinq mille hommes contre l’armée ottomane, qui utilisait l'hiver pour réparer ses pertes, et qu'il eût facilement empêchée de reprendre l'offensive contre les districts de Popovo et de Soutorina.

Les renforts arrivés à Omer-Pacha par terre et par mer, lui avaient permis de reconstituer une armée sem blable à celle qu'il avait, en 1854, dirigée contre les Russes, quand revint, avec le printemps de 1862, le moment favorable à la reprise des hostilités. Mais ce n'était plus dans les limites d'un simple blocus que le serdar Ekrem allait se mainterir; et en même temps qu'il envoyait à Tsettinjé sa déclaration de guerre, il faisait franchir à ses troupes la frontière monténégrine sur trois points à la fois. Tandis que le prince Nicolas protestait inutilement auprès des puissances contre une violation aussi inopinée qu'injuste de son territoire, une partie de ses troupes réunie aux restes des insurgés de