Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE CNZIÈME. 317

par elle à des coréligionnaires fidèles et dévoués, dont les regards n'ont jamais cessé d'être tournés vers le sanctuaire de l'orthodoxie ?

Marcher sur les traces de ses prédécesseurs était donc, pour Nicolas I, à la fois un devoir et un désir bien légitime ; et si le projet par lui formé depuis longtemps de se rendre à Saint-Pétersbourg n'avait pu être mis à exécution, c'est que sans doute on craignait en haut lieu d'éveiller les susceptibilités du divan, ou celles, peut-être, des autres cabinets européens. Ce fut donc avec une joie bien vive que le prince Nicolas reçut, au mois de décembre de l’année 1868, l'heureuse nouvelle des dispositions de l'empereur Alexandre à son égard, et l'assurance anticipée des sympathies qui laccucilleraient dans la capitale de la Russie. Le mimstère prescrivait en même temps les dispositions nécessaires pour donner au voyage du chef des Monténégrins un caractère véritablement officiel, et digne du motif qui le faisait entreprendre ; et le gouvernement autrichien, informé du projet du prince Nicolas, donnait, de son côté, ordre à l'une de ses frégates de se rendre dans les Bouches de Cattaro, pour s'y mettre à la disposition du noble voyageur. Donnant pour la première fois un solennel démenti aux usages du pays qui exeluent les femmes de toute direction, même domestique, le prince Nicolas, en informant de son départ le corps consulaire de Scutari et les pachas des provinces voisines, leur signifiait en même temps qu'il remettait, pour le temps de son absence, la régence de la principauté à la princesse Miléna.

Le 20 décembre au matin, après avoir reçu, dans la petite église métropolitaine, la bénédiction et les sou-

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