Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE DOUZIÈME. 1 261

pâtiments du vieux palais de Pierre II. Un théologien et Jittérateur distingué, le Hongrois Milan Kostitj, trèsversé dans les langues slaves et allemande, vint en 1869 prendre à Tsettinjé la direction de cet établissement, à la tête duquel il resta avec le plus grand succès endant trois années. Rebuté dans sa mission par des conflits d'autorité , il abandonna malheureusement une œuvre si bien commencée , et la bogoslavia, arbre flétri avant d’avoir porté des fruits mûrs, aété, depuis 1873, transférée au monastère d'Ostrog, où sa décadence se continue aujourd'hui.

La plupart des petites églises de la principauté, construites sur un type presque unique, ne sont remarquables que par leur extrême pauvreté ; les cérémonies du culte s’y accomplissent avec la plus grande simplicité, et, du reste, les Monténégrins semblent se soucier fort peu des offices religieux, auxquels ils n’assistent presque pas: Il est même difficile de concilier certaines pratiques extérieures auxquelles on les voit se livrer à tout moment, les signes de croix, les prières à haute voix au moindre appel de la cloche, les invocations à la Vierge et aux saints, les serments, les jeünes, les processions, le chômage sévère de toutes les fêtes ; en un mot, l’ostentation d’une foi ardente, avec un scepticisme de paroles prêt à jeter le ridicule sur les choses les plus dignes de leur respect. Dire avec M. Lenormand que « la Tsern:gore est un pays très-avancé sous le rapport de la liberté religieuse », c'est reconnaître simplement que les Monténégrins ont une indifférence assez grande en matière de religion. Quant au gouvernement lui-même, bien loin de protéger toute espèce de culte autre que

l'orthodoxie, il confond dans une égale proscription la21