Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

INTRODUCTION HISTORIQUE. 43

tout en ce sens, il envoya aussi au Monténégro le conseiller d’État Stephan Sankovsky, en qualité de commissaire extraordinaire, pour prévenir le vladika d’avoir à se tenir prêt de son côté pour tout événement. Mais la même année (1805) es victoires d'Ulm et d’Austerlitz changèrent encore une fois l'état de choses européen, et la paix de Presbourg (14 décembre) mit sous l'autorité de la France la Dalmatie et les Bouches de Cattaro. Le baron Cavalcado, commissaire aufrichien à Cattaro, annonça en conséquence aux Boccésiens que le 29 janvier de l’année suivante, toutes les forteresses devraient être remises aux Français, L’émotion fut extrême dans les Bouches à cette nouvelle, et aussitôt.on expédia à Tsettinjé des députés chargés d'informer à la fois le vladika et l'envoyé russe, Stephan Sankovsky, que l’on était prêt à se défendre à outrance contre les Français, si les Monténégrins, d’une part, prenaient les armes pour la même cause, et si, d'autre part, l'amiral Ségnavine, qui était alors en croisière devant les îles loniennes avec la flotte russe, promettait son concours. Sankovsky, sachant que Segnavine ne demandait pas mieux, lui expédia tout de suite un courrier pour l'informer de ce qui se préparait. En même temps le vladika convoqua tous ses chefs et déclara hautement devant eux que non-seulement il était dans l'intention de refuser aux Français l'entrée des Bouches, mais, bien plus, qu'il entendait en chasser tout d'abord les Autrichiens.

En conséquence de cette résolution, il descendit à la tête de ses montagnards, auxquels se joignirent sous son commandement les Boccésiens, et ensemble ils vinrent assiéger la forteresse de Châteauneuf, devant laquelle se présenta le même jour le capitaine Belli avec une division de l’escadre russe. Le vladika fit connaître au commandant autrichien sa ferme intention de donner l'assaut, et Belli de son côté l’'engagea à remettre la ville aux chefs des communes, desquels les Autrichiens l'avaient reçue lors de leur occupation, ajoutant que, du reste, Castelnuovo n’appartenait plus à l’Auiriche que pour quelques jours. Un commissaire autrichien se présenta bientôt pour régler Les conditions de la reddition