Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. ATL
dans la route périlleuse qu'elle avait à franchir, les soldats se glissant comme des ombres dans les défilés, et regardant à droite et à gauche d’où la mort allait leur arriver. À neuf heures on aperçut les insurgés sur les montagnes près de Gvosda, et immédiatement commença un feu violent sous lequel on atteignit le grand défilé qui précède Dragaï. Resserrée dans .cet étroit passage, la troupe ne cheminait qü’avec la plus grande difficulté, et son chef, obligé de donner partout l'exemple du sangfroid et de l’intrépidité, ayant été blessé, dut remettre le commandement au colonel Feter. Pourtant le convoi de vivres ayant réussi à atteindre le plateau de Dragaï, il ne resta plus qu'à assurer la garde du défilé, qu'on confia au bataillon Maroitchitj, et à occuper les points les plus importants pour le retour à Tserquitsa. Un hourra poussé de la forteresse annonça. l'arrivée du convoi à Dragaï, et dès qu'il fut possible de faire volteface, on reprit le chemin de Risano. Le retour ne fut qu'une sanglante retraite, dans laquelle la colonne, sans cesse harcelée par un feu meurtrier, et dans l’impossibilité de faire aucun retour offensif sérieux, bien que chaque compagnie à son tour se déployät contre les assaillants, atteignit enfin Knésélats, rapportant avec elle ses morts et ses blessés. C'est à peine si l'on avait pu arracher à l'ennemi le lieutenant Bem mortellement atteint. De Knésélats à Risano le feu recommencça, et presque sous les murs de la ville plusieurs soldats et le lieutenant Straka étaient encore frappés, tandis que la tête d’un soldat autrichien, jetée du haut d’un rocher, tombait au milieu de la colonne comme un dernier salut des insurgés.
Un témoin oculaire raconte que pendant cette marche