Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
INTRODUCTION HISTORIQUE. 59 reconduisit dans la modeste cellule où il vivait sans feu comme un simple ermite. Arrivé LE ils étendit sur sa couche, recommanda à ses chefs d'exécuter fidèlement les volontés exprimées dans le testament que, le jour même, il avait dicté à son secrétaire Siméon Miloutinovit; , puis, conversant et priant, il rendit son âme à Dieu. Ainsi mourut cet homme illustre, qu'un écrivain slave a pu appeler le Louis XIV de la Tsernagore, mais qui sous bien des rapports en fut aussi le saint Louis.
PIERRE II.
Le vladika défunt, après avoir recommandé à son peuple, dans son testament, la paix et la concorde, ordonnaïit que, de tout le pays du Monténégro et des Berda, on vint jurer sur sa dépouille mortelle d'observer jusqu'à la SaintGeorge de l’année suivante une trêve pendant laquelle auun acte de vengeance et de représaille ne serait accompli; puis il désignait pour lui succéder son neveu Radatamova, âgé alors de dix-sept ans et qu'aucun lien religieux ne retenait encore. Dès le lendemain de la mort de Pierre Ie, les chefs revêtirent Radatomova du costume ecclésiastique, lui mirent en main le bâton pastoral, et le présentèrent au peuple sur le gouvno (aire) d’Yvan Bey comme son futur seigneur. Une légère opposition se manifesta à la vérité à l'acceptation de cet avénement, mais elle fut promptement apaisée par Stanko Stiepo (père du prince Danilo), Michel Bochkovitj, serdar des Bielopavitj, Stephan Voukotitj, chef de Tchevo, et Philippo Djurachkovitj, serdar de la Riechka Nahia; et les premiers personnages qui vinrent baïser la main dunouvel élu furent Yossif Pavitchevitj, archimandrite d'Ostrog, et le gouverneur civil lui-même, Vouko Radonitj. Peu detemps après, avec l'autorisation du vizir de Scutari, l’évêque de Prisrend, Adji Zaharié, se rendit sur l’île de Kom où, dans l'église de la petite Madone, il consacra le successeur de Pierre I et l'investit des fonctions canoniques jusqu’à la dignité d’archimandrite.