Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

INTRODUCTION HISTORIQUE. ëi trop pabitués à agir en dehors du contrôle du gouvernement Dies, les bandes de la Tsernitsa avaient surpris la citadelle de Spuz el massacré une partie de sa garnison, et

eu de temps après les Koutchi, suivant cet exemple, avaient enlevé, par un coup de main des plus remarquables, la citadelle de Jabliak. La guerre était inévitable, quand Pierre II ordonna la reddition de cette place, qui fut immédiatement évacuée par les Monténégrins. En 1838, les Autrichiens prétendant chasser les Tsernogortses des terres qu'ils avaient achetées aux Pastrovitji, des négociations s’ouvrirent et le vladika accepta l'expropriation. Mais quand il s’agit de régler le différend, et que les ingénieurs Autrichiens eurênt commencé leur travail de délimitation, ce fut partout un cri. d'indignation. Le 2 et le 6 août, des luttes sanglantes eurent lieu entre les Autrichiens et les Monténégrins, et la menace de l'excommunication à laquelle le vladika eut recours, put seule arrêter ses indomptables sujets. Pierre II alla jusqu’à faire ériger en face de Budua une potence, où devait étre pendu quiconque se permettrait désormais des actes de brigandage contre les Autrichiens. Mais il fallait un aliment à l'activité querrière de ses gens, et le vladika ne pouvant la maîtriser se décida à l’employer contre les Turcs en Herzégovine et en Albanie. Jusqu'à 1841, ce fut une succession non interrompue de combats, où les vizirs de ces deux provinces eurent plus souvent à se plaindre qu’à se féliciter du sort des batailles; Klobouk, Jabliak, Kolachine, Spuz et Podgoritsa, sans cesse menacés par les bandes monténégrines, furent bien souvent sur le point de tomber dans les mains de ces hardis aventuriers qui, sous le commandement de chefs entreprenants, poussaient sur le territoire ottoman les pointes les plus audacieuses.

Pendant les dix années qui suivirent, Pierre I s’appliqua par tous les moyens à adoucir la férocité de ses compatriotes ; il y réussit même à ce point que le droit du sang (K’rvina), protégeant les vengeances héréditaires, fut aboli en principe, sinon entièrement de fait, et que l'enlèvement des filles

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