Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

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même, il en arrivoit encore, des villages voisins, d’autres qui se vendoient dans les marchés publics. Il en venoit jusques de Corbeil par la Seïne : et ce genre de commerce avoit déjà lieu pour Corbeil sous saint Louis, comme on le voit par les statuts qu'il donna aux boulangers. La tradition de cette petite ville est même que le coche d’eau, qui maintenant y subsiste, ne fut établi dans son origine que pour transporter du pain à Paris *. »

De la Barre, l'historien de Corbeil, parle dans son ouvrage des moulins banaux du Roi ; ils existaient donc déjà de son temps, et il est certain qu'ils datent de beaucoup plus loin *?.

En 1665, l'Hôtel-Dieu de Paris avait fait construire « des moulins à douze tournants dans deux cages, mus par la rivière d'Essonne à sa chute dans la Seine #, »

En 1750, une compagnie de capitalistes offrit de fournir les fonds dont chaque généralité aurait besoin pour former des approvisionnements de grains, en recevant les intérêts de ces capitaux, au moyen d’une taxe mise sur ces généralités au prorata de ce qu’elles auraient recu. Le gouvernement jugea bon de ne pas donner suite à ces propositions, à cause de la concurrence que les commissaires des généralités se seraient faite, concurrence qui aurait provoqué une hausse dans le prix du blé; d’autre part, la conservation des approvisionnements eût offert de réels dangers. On passa un marché pour trois années avec la Compagnie des étapes, qui, sous le prétexte de son service, devait former, sur plusieurs points, des approvisionnements d'au moins 130,000 sacs pour la première année. Mais cette entreprise ne s'étant pas conformée, pour ses achats, aux lois sur les grains, le garde des sceaux résilia les marchés, et elle fut dispensée de ses engagements. En consultant les registres de la maison du Roi, nous voyons que, vers cette ëpoque, un nommé François était chargé de faire des achats de blés pour les greniers du Roi ; nous ne trouvons que ce rensei-

4. Le Grand d’Aussy. Op. cit., p. 105. — On appelait autrefois corbillat le coche d’eau qui faisait le service de Corbeïl à Paris. C’est de ce nom qu’on a fait le mot de corbillard, char sur lequel on transporte les morts.

2. Les antiquités de la ville, comté et chatellenye de Corbeil, de la recherche de Me Jehan de la Barre, ry-devant prévost de Corbeil. Paris, 4647. — De la Barre fut prévôt de Corbeil de 4607 à 1624, et c’est durant cette période qu'il écrivit son ouvrage, qui ne fut imprimé qu’en 1647. C’est ce qui explique les quelques copies manuscrites que-l’on en connaît. L’une d’elles est latée de 1628. Elle appartient à M. le Bon Pichon,

3. Donnet. Description des environs de Paris, p.183.