Le progrès des arts dans la République : poème : précédé d'un discours sur le même sujet : suivi d'un autre poème intitulé Dieu et les Saints; de quelques vers sur les victoires de Buonaparté; des Doléances du Pape et de nouveaux Hymnes civiques

DIVERSES. 149

De tout secours privé quel sera son refuge ? Va-t-il, lâche transfuge, D'un ennemi superbe embrasser les genoux ?

Non, les républicains méprisent trop la vie; Vivre après le trépas est leur unique envie, Et la gloire et l’honneur sont leurs divinités : Des blessés, des mourans la foule encore respire

Au faîte du navire, En pompe, tout-à-coup, je les vois transportés.

Est-ce un naufrage horrible ? est-ce une aimable fête Dont le douteux spectacle à mes regards s’apprète ? Quelle alégresse brille au front des matelots !

Je les entends crier dans leur zèle civique : Vive la république ! Tomber , et pour jamais s’engloutir sous les flots.

Ciel! quels débris sanglans couvrent l’humide plaine! Des autans irrités la turbulente haleine Les pousse dans les airs , les roule en tourbillons, Et d'espace en espace enlacés aux cordages, Symboles des naufrages, Flottent des trois couleurs les sacrés pavillons.

Pleurez, concitoyens , pleurez vos frères d'armes, Au sang qu’ils ont versé mêlez de douces larmes, Du fond de leur cercueil vous entendez leur voix, Ils disent tous ensemble : O France ! Ô ma patrie! Terre à jamais chérie, C’est pour toi que je meurs et pour tes saintes loïx.