Le Royaume de Monténégro : avec une carte

14 LE ROYAUME DE MONTÉNÉGRO

La création d'un pouvoir dynastique commença ensuite, avec la famille des Njegush, mais, comme les Vladikas revêtaient, par tradition, la dignité d'évêque, qui les obligeait au célibat, la transmission du pouvoir ne pouvait se faire de père en fils.

Le Vladika régnant prit soin alors de désigner, de son vivant, un membre de sa famille comme héritier du trône. Cet état de choses continua jusqu’en 1851, lorsquun autre Vladika, Daniel, se fit proclamer prince du Monténégro, laissant la direction des choses de l’Église aux soins des évêques de Cettigné.

Sous le règne de Sava II, le nombre des femmes était devenu tellement restreint dans les campagnes, qu’on prit le parti assez audacieux d’enlever, tout bonnement, les jeunes filles turques du district Bivor, dont les villages furent saccagés. Ces mariages forcés-furent l’occasion de multiples escarmouches avec les Turcs, sans que la guerre, proprement dite, fût déclarée. Celle-ci n’éclata que sous Basile IT, successeur de Sava II, démissionnaire.

En 1750, sous le règne de Basile IT, le pacha de Bosnie envahit le pays avec une armée qui, comptant au début 30.000 soldats, se compléta bientôt à 45.000 hommes. Le Pacha réussit à conquérir à peu près tout le territoire monténégrin, mais la victoire ne lui resta pas fidèle; les défenseurs du pays remportèrent, à la fin, de brillantes victoires et forcèrent ce qui restait de l’armée turque à passer la frontière de Bosnie.

Six ans après, en 1756, le sultan Othman IIT reprit les hostilités; ses forces militaires comprenaient 80.000 Turcs, mais lui non plus ne put mettre à exécution le projet qu'il avait formé de soumettre les Monténégrins.

Il essuya, au contraire, des pertes considérables : quarante mille de ses soldats périrent et, en douze jours, il ne lui resta que la moitié de son armée, qui fut obligée de battre en retraite.

Après la mort de Basile IT, Sava IT reprit le pouvoir, et ce fut à ce moment que Mali Étienne, prétendant être le tzar des Russes qu'on croyait assassiné, se rendit maître du Monténégro, mais il ne s'occupa que de l’administration civile et ne prit pas le titre d’évêque comme ses prédécesseurs.

Le gouvernement russe ayant cessé de subventionner le gouvernement monténégrin, Mali se livra à des maraudes fructueuses