Le Royaume de Monténégro : avec une carte

18 LE ROYAUME DE MONTÉNÉGRO

dant bien modeste, la punition des brigands à la frontière, en un mot, toutes les réformes faites, créèrent à Pierre des ennemis personnels redoutables; en homme énergique, téméraire même, il les maîtrisa jusqu’à sa mort. Il laissa le souvenir d’un Vladika habile, d'un poète aimé, d’un auteur de talent.

Le sultan de Turquie fit à Pierre, en 1832, la proposition suivante : la Turquie lui fournirait son appui pour étendre son territoire, maïs il devrait reconnaître le Sultan comme souverain. Le Vladika, indigné, refusa. Un corps d'armée, sous le commandement du pacha de Scutari, répondit à ce refus en saccageant le village de Martinitch, puis se retira; mais les Monténégrins le poursuivirent et lui firent essuyer des pertes sensibles, avant même qu'il eût pu franchir la frontière.

La possession de deux petits villages fut ensuite la cause d’une guerre entre l'Autriche et le Monténégro. Une bataille en règle, bataille sanglante, eut lieu près de Trovitza en 1838.

Par l'intervention de la Russie, une paix se conclut, aux termes de laquelle le Monténégro toucherait un million de francs, mais céderait les villages convoités.

Le Pacha recommença ses attaques quelque temps après, et toujours sans aucun résultat; le Monténégrin changea de tactique, entra en pays ennemi, prit dans le pays de Skader mille bestiaux aux Turcs, et leur tua 600 guerriers. Pierre IT, enhardi par le succès, se crut alors de force à faire la conquête de Podgoritza et de Sputch. Les Turcs, cette fois, parvinrent à garder leurs provinces:; non seulement ils se défendirent courageusement contre les troupes de Pierre, mais encore ils battirent celui-ci à Drobniak. Les Monténégrins comptèrent 700 morts, les Turcs n’en avaient que 450. Épuisé par une maladie de poitrine et se sentant faible, le Vladika fit la paix quelque temps plus tard.

L'année 1841 se marqua par une grande disette. En 1842, il y eut une reprise des hostilités. Plusieurs rencontres eurent lieu aux frontières et cette situation prit fin, en 1843, sans avoir amené aucun changement au point de vue politique. Nouvelle disette en 1844. À cette époque, Pierre, malade, se trouvait à Vienne; les Turcs profitèrent et de la disette et de l'absence du Vladika : ils fournirent des vivres et des fonds à Marko Plamenak, un des