Le Royaume de Monténégro : avec une carte

MŒURS ET COUTUMES

L'habitation du Monténégrin (nous parlons du Monténégrin des campagnes) est plus que modeste, elle est misérable, et bien peu de peuples, même parmi ceux encore arriérés, se contenteraient d’une installation aussi primitive. C'est, le plus souvent, une hutte en pierres du pays, à peine travaillées. Cette hutte, ou mieux cette niche, au plafond bas, est couverte de chaume, sous lequel on n’est pas toujours à l’abri des intempéries de l'air. Fréquemment elle n’a pas de fenêtres, mais d’étroites meurtrières, simples fentes dans les murs, dont l’un est pourvu d’une porte étroite et basse.

C'est dans ce réduit que gîtent hommes, femmes, enfants, pêle-mêle avec leurs moutons, leurs poules, et même leurs porcs. Il n'y a pas de plancher, mais le sol est quelquefois partiellement pavé. Pour dormir, on se couche tout simplement sur la terre, sans ôter aucune partie de son habillement, et, à plus forte raison, sans se laver. Dans quelques habitations, des couchettes sont rangées le long des murs.

Pour manger, on se sert des mains et d’un couteau de chasse; les familles qui possèdent une cuillère ou une fourchette se montrent fières d’un pareil luxe. On s’assied sur de grosses pierres, sur des morceaux de bois ou sur le sol. Des objets de bois brut, qui semblent avoir la prétention d’être des meubles, se trouvent seulement chez les gens aisés.

Le foyer est au centre de la hutte; faute de conduite, la fumée ne sort que par les meurtrières. La pièce en est constamment remplie et, ce qui est pire, infestée de vermine. Auprès du Monténégrin des basses classes, l’ouvrier de nos pays, même le moins favorisé, mène une vie pleine de douceur.