Le Royaume de Monténégro : avec une carte

L'AVENIR 95

prisonniers politiques, et faire cesser l'arbitraire qui préside aux peines prononcées contre les déliquants et les criminels. On peut dire que la justice y fait plus de victimes chaque année que le revolver. Aussi, nombreux sont les habitants qui fuient à l’étranger, redoutant la vengeance officielle et que la crainte de représailles politiques chasse du sol paternel. Le royaume ne se repeuplera pas, tant qu’on y verra en usage des procédés comme ceux que nous avons signalés.

C'était là chose possible au temps où le pays était enclavé dans la Turquie qui, jadis, entourait complètement le territoire monténégrin. L'empire ottoman, sous l’ancien régime, faisait pire que son voisin, mais le gouvernement Jeune-Turc, tel que nous le connaissons, est animé de sentiments humanitaires, et l'Autriche se montre une amie dévouée de la Dalmatie et de la Bosnie. Voilà donc, pour l'avenir, deux motifs de sécurité, qui permettraient de rendre au peuple la vie moins dure et aussi de s’efforcer par tous moyens à attirer l’immigrant en lui faisant des concessions.

Tout le monde, depuis le Roi jusqu’au mendiant, circule avec le revolver à la ceinture. Le revolver n’est pas précisément un puissant auxiliaire de civilisation, mais malheureusement le Monténégrin fera, longtemps encore, la sourde oreille à tout ordre supérieur qui tendrait à le séparer de son meilleur ami.

Le terrain, fort accidenté, ne se prête guère à l'extension de la voie ferrée actuelle. Vouloir c’est pouvoir! dit le proverbe, et, si l'on se place purement au point de vue technique, il est certain que la création d’un réseau de chemins de fer, à nombreuses ramifications, est réalisable. Mais, outre que les travaux à entreprendre seraient hérissés de difficultés et très onéreux, on ne pourrait pas espérer une exploitation rémunératrice.

Il serait donc bien préférable d'étudier une amélioration de la voirie, en multipliant le nombre des belles chaussées dont nous avons parlé. Les transports de marchandises s’effectueraient à bon compte en utilisant la traction chevaline ou bovine, et les voyageurs, ainsi que les colis de grande vitesse, seraient transportés par les services automobiles, qui feraient également le service régulier de la poste.

Le moindre déplacement, la plus minime expédition de mar-