Le système continental et la Suisse 1803-1813

À la vérité, les cantons suisses venaient, eux aussi, de passer par une redoutable crise. Ils sortaient singulièrement affaiblis des bouleversements de la guerre tant étrangère que civile. Les efforts généreux, mais impuissants, du gouvernement de la République helvétique n’avaient pu compenser les terribles conséquences de cette secousse. Les concurrents de la Suisse avaient tiré avantage de cette situation. L’Angleterre notamment avait profité de l’épuisement de sa rivale pour reprendre sur le continent une suprémalie incontestée.

Mais les cantons ne demandaient qu’un temps de repos pour regagner leur activité économique. Quelques années de paix pouvaient suffire à l’habileté, aux ressources innombrables dont disposaient leurs commerçants pour leur faire récupérer leur ancienne situation et renouer les relations interrompues. Dès la première heure, Napoléon prend conscience de la force de résistance que ce petit pays va opposer à la réalisation de sa politique. Dès le début, il voit la nécessité de couper à tout prix les ailes à ce gêneur qui pourrait Jouer en Europe, vis-à-vis de la France, le même rôle qu'il a tenu, au dix-huitième siècle, vis-à-vis de lPAngleterre. De là, la rigueur extraordinaire avec laquelle l'empereur appliquera le système continental à la Suisse, l’acharnement dont il la poursuivra pendant tout son règne. De là limpossibilité pour la Confédération, malgré sa qualité d’alliée de la France, malgré sa prompte et docile adhésion aux exigences françaises, d'obtenir le moindre adoucissement à une situation dont elle souffre cruellement.

Ce sont les conséquences de cette attitude de l’empereur à l’égard de la Suisse qui constituent l’objet de notre étude. Dans un premier chapitre, nous en examinerons les effets au point de vue politique. Nous passerons en revue les incidents diplomatiques qu’elle a suscités, les mesures prises par les cantons et par la Diète pour satisfaire aux exigences françaises, les démarches des autorités fédérales à Paris. Nous