Le système continental et la Suisse 1803-1813

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rouet se livrèrent, dans les manières et les points les plus divers, à la broderie au crochet et au tambour.

Le tissage de la soie qui traversa les années du blocus dans des conditions relativement favorables, devint aussi une ressource avantageuse dont bénéficièrent plus ou moins les fileurs de tous les districts zuricois!.

Dans les anciens bailliages argoviens, la jeune industrie des pailles tressées prit une place de plus en plus importante dans les régions occupées autrefois par la filature du coton. Ce changement fut observé non seulement en Argovie, mais aussi, si nous en croyons une notice parfaitement vraisemblable d’ailleurs des Gem. Schw. Nachr., dans la partie romande du canton de Fribourg ?.

C’est ainsi que la filature à la main termine son existence. Avec le système continental, elle disparaît rapidement de tous les cantons ; dans la période qui suit la chute du régime napoléonien, elle est rayée de la carte industrielle de Ja Suisse.

C. LES INDIENNES

Le tissage du coton, vers lequel la crise du système continental avait poussé le plus grand nombre des fileurs, avait débuté en Suisse par la fabrication de tissus mêlés, « mi-laine et coton». À ces premiers produits, de qualité très ordinaire, avaient bientôt succédé les toiles de coton. Puis étaient ap-

! Dans la vallée badoise de la Wiese dont Bâle était un des principaux débouchés, bon nombre d’ouvriers se mirent aussi à filer la soie.

Gothein, p. 768; — Atlas, 1820.

? Cette note qui date de l’année 1805 dit entre autres : « Jeunes et vieux sont occupés maintenant à la confection des chapeaux de paille, dans tous les villages de la région romande fribourgeoise, même dans les campagnes où d'ordinaire on filait le coton. » Nous n’avons pas trouvé à Fribourg de renseignements plus précis sur la filature à la main dans ce pays; mais il paraît naturel que les habitants de ce canton eussent, comme sur le plateau suisse, occupé les loisirs de l’hiver à filer le coton. Au reste, les Gem.Schw. Nachr., rédigés à Berne, devaient être renseignés sur les conditions économiques d’un canton aussi voisin que Fribourg.

Gem. Schw. Nachr., 6 février 1805.

Liaison étroite entre l’industrie des indiennes et le tissage des toiles de coton.