Le système continental et la Suisse 1803-1813

— 302 —

La hausse des prix de la laine provoquée par le système continental éveilla le désir de mettre fin à cette situation anormale. Les économistes demandaient au gouvernement de prohiber ou d’imposer fortement les draps étrangers, d’interdire l’exportation de la laine indigène et de favoriser l’établissement de manufactures. De leur propre initiative, quelques districts du Prættigau cherchaient à développer l'élève du mouton.

Profitant de ces circonstances favorables, le podestat ou maire du village de Zizers, Marin, tenta de provoquer un mouvement plus général. Après entente avec le prince-abbé de Pfæffers qui se montrait disposé à le soutenir, il acheta, de concert avec quelques amis, les premières bêtes espagnoles. Puis il fit adopter par sa commune un règlement qui comportait entre autres la répartition d’un bélier espagnol par troupeau de 400 têtes et la castration de tous les béliers de race indigène ?.

Au printemps de 1808, les résultats obtenus étaient très encourageants, la laine était d'excellente qualité et le nombre des beaux métis augmentait. Déjà Marin projetait la création d’une société par actions dont les fonds devaient servir à stimuler le mouvement ; la fondation dans le pays d’une fabrique de draps faisait aussi heureusement augurer de l’avenir.

Mais le maire de Zizers dut bientôt se convaincre qu'il avait trop présumé de ses forces. Pour obtenir une épuration de la race par les mérinos, il eût fallu castrer tous les béliers indigènes. Marin ne put réaliser ce point essentiel de son programme qui échoua par l’inertie d’une partie de la population; découragé par lindifférence du gouvernement, il abandonna la lutte, que personne ne reprit après lui 5.

Le canton de Berne possédait bon nombre de bêtes à laine

1 Neuer Sammler, 1807, p. 195. ? Neuer Sammiler, 1808, p. 376. 3 Neuer Sammler, 1809, p. 266.