Le système continental et la Suisse 1803-1813

— 308 —

Entre temps, un autre surrogat préférable avait paru qui s’imposa dans les dernières années de la Médiation. Il est intéressant de constater que, grâce à l’initiative d’un Bâlois, le conseiller Mérian, la Suisse fut parmi les nations une des premières à employer le sucre de betteraves. Mérian fit construire une fabrique dans sa propriété du Rothhaus, près de Bâle ; en même temps, il perfectionnait sur ses terres la culture de la betterave avec un tel succès qu’il obtint rapidement deux récoltes annuelles. Dès ses premiers essais, :l produisit un sucre d’excellente qualité, à grains jaunes, qui s’employa pour la pâtisserie et se vendait 10 louis les 50 kilos. L'établissement du Rothhaus vint en Europe immédiatement après celui de Berlin fondé par Achard, linitiateur de lindustrie sucrière, et qui fut le premier de son espèce.

Le succès obtenu par Mérian provoqua bientôt la fondation d’une nouvelle fabrique, de dimensions plus modestes, située à Nyon. Cette entreprise, patronnée par le célèbre agriculteur J. de Loys de Dorigny, appliqua au début à la production des betteraves un domaine de 150 poses (70 hectares). De Loys fit à ses concitoyens un appel pressant les engageant à pousser la culture de la plante sucrière.

A côté de ces essais en grand, les tentatives plus modestes ne manquèrent pas?; toutefois, quelle que fût l’attention qu’on eût vouée à la préparation de ces surrogats, on ne put jamais les produire en quantités suffisantes pour couvrir les gras, moins soluble, mais aussi doux que le sucre blanc ; 30 à 40 mesures de liqueur tirée de l'arbre avant l’éclosion des bourgeons en fournissent 2 à 3 livres.»

Gem. Schw. Nachr., 21 août 1807, 28 février 1812.

1 Il convient ici de citer encore le rôle important joué dans l’industrie du sucre de betteraves en France par un Suisse, Benjamin Delessert.

Chuard-Seippel, p. 20.

2? Un aubergiste de Grabs (Saint-Gall), était entre autres cité dans les journaux pour la culture judicieuse de ses betteraves dont il tirait un sirop excellent, du sucre en cristaux et de l’eau de vie. Une plante parente de la betterave, la bette ou poirée (Maagold) servit également en 1810 dans le

canton de Berne à produire du sucre. Gem. Schw. Nachr., 31 janvier 1811 ; — Allg. Ztq., 15 mai 1812,