Le système continental et la Suisse 1803-1813

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sidérables de Suisse, portèrent à la connaissance de leur clientèle qu’ils s’abstiendraient dorénavant de toute opération lointaine t.

Le commerce suisse n’avait pas eu le temps de se remettre de ce premier assaut qu’une crise encore plus formidable venait, en 4811, ébranler l’Europe jusque dans ses fondements. « Elle est telle, disait un bulletin français, que chaque jour, tout banquier qui arrive à quatre heures sans malheur, s’écrie : encore un de passé ! » Elle donnait le coup de grâce à Hambourg, amoncelait les ruines en Saxe, au Hanovre, en Westphalie; elle ravageait enfin le nord et l'est de la France, frappant notamment les villes de Rouen, SaintQuentin, Lille et Mulhouse. Le gouvernement impérial, malgré les millions consacrés à soutenir les maisons menacées, ne put enrayer le mal ?.

En Suisse, les faillites se succèdaient avec une rapidité terrible. Le choc le plus violent fut comme toujours pour Bâle où les maisons connues de J.-J. Thurneysen, de Franz Werthemann, de la veuve Burckhardt et plusieurs autres de moindre importance suspendirent leurs paiements ?. Ces catastrophes se répercutèrent aussi sur les établissements suisses en Italie, à Trieste, Ancône et Livourne #.

Enfin, en novembre 1813, une nouvelle série de grosses faillites se produisait à Bâle et à Saint-Gall5. Les maisons de

1 Allg. Ztg., 1er décembre 1810.

2 Thiers, p. 16; Vandal, III, p. 24 ; Clément, p. 116.

3 A Zurich, imitant l'exemple de l'Empereur, le gouvernement avait mis. à disposition du Directoire commercial une somme de 30 000 francs prélevée sur l'imposition extraordinaire des denrées coloniales, pour venir en aide aux commercants dans l’embarras. Les prêts devaient être de courte durée et à des conditions avantageuses. Le taux avait été fixé à 4 %.

Arch. Zurich, Prot. des Kaufm. Direkt., 4 mars 1811.

4 On peut à cet égard citer une maison zuricoise de Livourne, celle d’'Emmanuel Biedermann, qui suspendit ses affaires en 1811. À Trieste, la maison d'importation et d'exportation Salomon Jenny (de Glaris) subit des pertes dont elle ne se releva pas. Elle ferma en 1822.

Zürcher Taschenbuch, 1884 ; — Jenny, Il, p. 304.

5 Gem. Schw. Nachr., 23 novembre 1813.