Le système continental et la Suisse 1803-1813

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La contrebande, momentanément réprimée par les mesures radicales du gouvernement, avait reparu au début de l’année sur la frontière du Jura. À défaut de marchandises anglaises, elle s’exerçait maintenant sur Îles produits manufacturés suisses. Grâce à l’éloignement de l’empereur, ces faits n’eurent pas d’autres conséquences que les plaintes de Vadministration française et les mesures que prirent quelques Etats, le Tessin, l'Argovie et surtout le canton de Vaud !.

Ce dernier canton, de par son indépendance récente et Sa situation encore délicate vis-à-vis de Berne, tenait particulièrement à rester à l'égard de la France à l’abri de tout soupçon. Il n’hésita pas pour cela à se mettre en posture désagréable auprès de ses confédérés. Pour parer à l’'afflux des toiles de coton sur son territoire, le Petit Conseil rendait le 20 janvier 1808 des ordonnances qui limitaient à un nombre restreint de districts le trafic de ces tissus à l’intérieur du canton ?.

Ces dispositions furent communiquées au Landamman et par son intermédiaire aux autres gouvernements cantonaux. Elles suscitèrent une vive irritation dans les cercles industriels de la Suisse orientale qui voyaient diminuer encore leur commerce de toiles de coton déjà fort éprouvé. Les autorités commerciales de Zurich allèrent jusqu’à provoquer à la Diète des réclamations contre ces procédés 5. Ces démarches n’aboutirent pas, mais elles laissèrent à l’égard du canton de

1 Le Directoire de Saint-Gall engageait aussi en avril 1808 le Gouverne-

ment de son canton à élaborer un projet de loi contre les marchandises

prohibées.

2 Ce décret comportait la prohibition complète des cotonnades dans les cercles de Nyon, Coppet. Gingins, Begnins, du Chenit, du Pont, de Vallorbes, Baulmes, Sainte-Croix et Concise sans un permis spécial à défaut duquel on confisquerait les marchandises. De même la réexpédition des ballots étaient interdite sans un nouveau permis. L’importation était limitée au seul bureau de Faoug et l’exportation aux bureaux de Faoug, Payerne, Moudon, Oron et Saint-Maurice. On n’obtenait les permis qu'après de nombreuses et désagréables formalités. :

Corresp. du P. C. vaudois, janvier 1808; — Verdeil-Gaullieur, 4, p. 100.

3 Arch. Zurich : Prot. des Kaufm. Direkt. 15 février 1808 ; — Recès 1808.

1808. La contrebande dans le canton de Vaud.