Le système continental et la Suisse 1803-1813

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chez l'Empereur, cette conviction que la Suisse était le refuge de toutes les marchandises prohibées.

Eux aussi, les gouvernements cantonaux avaient constaté avec méfiance cette affluence de denrées qui n’étaient point destinées à la consommation du pays. Quelques-uns d’entre eux, dont Soleure et Schaffhouse ! avaient donné l’ordre de réexporter aux frais des expéditeurs les envois sans destination fixe; le Petit Conseil de Zurich avait, dans une proclamation datée du 2 octobre, mis ses commerçants en garde ; il exigeait un contrôle exact des voitures venant de Bâle et Schaffhouse et rappelait l'ordonnance du 5 juin 1806. Il expédia aussi une circulaire à tous les cantons-frontière pour attirer leur attention sur ce qui se passait ?.

Quant à l’autorité fédérale, à Berne, ce fut en pleine tranquillité que les événements vinrent la surprendre et renouveler chez elle les alarmes de l’année 1806.

Le 29 septembre, la première communication officielle du décret de Trianon # était parvenue à Wattenwyl, Landamman pour 1810. Le chargé d’affaire Rouyer, qui administrait la légation française en l’absence du comte de Talleyrand, transmettait en même temps dans cette note, le désir impérial de voir le nouveau tarif appliqué sur territoire suisse aux denrées coloniales.

Wattenwyl ne put attacher grande importance à cette communication. Les mesures prises en 1806 et appliquées avec un plein succès ne prouvaient-elles pas abondamment l’adhésion consciencieuse de la Confédération au système continental? L’arrivée des marchandises anglaises en Suisse n’était-elle pas devenue une impossibilité matérielle depuis que tous les voisins avaient adhéré à la politique française?

1 Soleure, décret du 3 octobre ; — Schaffhouse, décret du 4 octobre ; Moniteur, 26 octobre 1810.

? Arch. Zurich: Prot. des Kaufm. Direkt, 3 octobre 1819 ; — 74. Missiven, 5 octobre 1810 ; — Arch. Bâle. Kont. Syst., P 1, 2 octobre 1810.

# Note du chargé d’affaires Rouyer du 29 septembre 1840.