Le traitement des prisonniers et des blessés par les Austro-Germano-Bulgares : résultats de l'enquête exécutée sur le front de Salonique
Je me souviens que c'était le soir. Au cours de la journée les neuvième et dixième compagnies du 46e avaient fait prisonniers 50 à 60 soldats serbes. On était en train de les attacher par les mainset par groupes de 3 à 5 hommes. C'étaient les soldats du 46° qui exécutaient cette besogne. Parmi les prisonniers il y avait des jeunes et des vieux. Après les avoir liés, on les a fait descendre dans un ravin. Le commandant Yovtchoff a ordonné que deux sections de notre bataillon aïllent aider les 9e et 10° compagnies) du 46e régiment, qui se trouvaient déjà dans le ravin avec les Serbes. Ma section, ainsi que celle du sergent de réserve Gele Mitkoff (tué ensuite), furent désignées pour ce travail. Les Serbes étaient à 10 ou 15 pas. Ce furent d’abord les deux compagnies du 46€ régiment et ensuite nos deux sections du 48e régiment qui tirèrent sur eux. Lorsqu'on eut fini de tirer, tous les Serbes étaient tombés. Les soldats bulgares se sont alors approchés d’eux pour les dépouiller de leurs vêtements et de leurs chaussures. Ceux qui n'étaient pas morts ont été achevés à coups de couteau. Les chefs de compagnie commandaient le feu. Le chef de ma compagnie était le capitaine Dimtcho (ou Dimtcheff). Il avait donné ses ordres avant le départ des soldats pour le ravin. Dans le ravin même, c’est moi qui ai commandé le feu. Il ny avait pas d'officiers. Les soldats ont pris tout ce qu'ils ont trouvé sur les Serbes, argent, habits, ele... Quand on trouve de l'argent, pourquoi ne faudrait-il pas le prendre? Les soldats achevaïent les Serbes avec leurs - baïonnettes et avec des couteaux. Je ne sais pas s'il y avait des officiers parmi les victimes. Les prisonniers nous demandaient de ne pas les tuer : « Ce sont nos officiers qui nous ont ordonné de venir ici », disaient-ils. Les nôtres ne répondaient rien. C’est le lieutenant-colonel Rainoff qui a ordonné le massacre. Il était défendu dans mon régiment, avant ce jour, de toucher aux prisonniers. Je sais que ce même mois, il y a encore eu
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