Les états généraux en France

818 LES ÉTATS GÉNÉRAUX EN FRANCE.

appelé les hautes classes, en y comprenant d’autres distinctions que celles de la naissance, nous aurons à revenir tout à l'heure quand nous aurons nous-même à conclure : nous aurons à tirer de l’exemple de la nation anglaise cette leçon que, pour obtenir la liberté, la première condition est de la mériter, et qu'un peuple ne la mérite pas, si chez lui tout le monde ne travaille ensemble à la conquérir. Du clergé, disons seulement ce que nous avons indiqué déjà : il commit souvent la faute de se diviser dans son propre sein, les évêques d’un côté, les simples prêtres de l’autre; ceux-ci luttant contre ceux-là pour l’abolition de privilèges dont plusieurs, il faut le dire, étaient plus conformes à l’esprit du temps qu’à la pauvreté et à l’humilité évangéliques. Le tiers état eut aussi ses torts, dont le moindre n’est pas d’avoir quelquefois cédé à l'esprit révolutionnaire, lorsqu'il croyait seulement obéir à l'esprit libéral; d’avoir sacrifié aussi à la passion de l'envie, au désir d’humilier et d’abattre autrui, et cela dans des circonstances où son devoir et son intérêt lui conseillaient de songer seulement à s’élever lui-même.

Mais ilest temps, sans changer de sujet, de changer de point de “vue, et d'envisager les États Généraux sous une autre face que celle de leur insuffisance, face à laquelle nous nous sommes arrêtés un instant.

AIT

INFLUENCE DES ÉTATS GÉNÉRAUX.

Nous venons depasser rapidement en revue lescauses de faiblesse des États Généraux, et ce qu’on peut appeler leurs revers. Sans d’ailleurs nous exagérer leur influence, sans surfaire leurs succès, sans entrer non plus dans des détails historiques que cetteétude necomporte pas, voyons maintenant s'ilest vrai que les États n'aient rien fait ni rien obtenu, qu’ils aient, comme on le dit parfois, été impuissants. Un grand fait domaine notre histoire ; il remonte, avec des caractères particuliers, à l'affranchissement des communes, il se poursuit à travers les siècles. Au siècle dernier, il s'appelait encore la marche progressive du tiers état ; aujourd’hui il s'appelle son triomphe. Ge triomphe est si complet, que si l'on nomme encore le troisième ordre quand on fait de l’histoire, il est devenu impossible de s'occuper de lui lorsqu'on fait de la politique. Sur ce terrain, quand on le cherche, on ne le trouve plus, c’est-à-dire qu’on le trouve partout, et que, non-seulement au-dessus de lui, maïs à côté de buï, en