Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LA LUTTE ECCLÉSIASTIQUE 215

après Ja Jutte la plus ardente, dont les traces restent au cahier, entrecoupé des protestations des gros décimateurs et du procureur fondé de l’évêque absent (1).

L'un des douze commissaires rédacteurs de ce cahier du clergé de Bigorre y ajoute un supplément contresigné par un grand nombre de curés (1). Alexis Doléac, curé de Baudéan, soumet au roi onze observations ou réclamations «qui ontété constamment repoussées malgré la volonté générale, et uniquement parce qu'on n'a jamais pu obtenir que les voix fussent recueillies, » Le haut clergé a empêché d'insérer cet article: « Qu'une loi nationale défende à tout Français, sous peine d’être réputé infâme, de faire ni directement ni indirectement la traite des nègres. »

C'est, dit l'abbé Doléac, malgré les curés qu'a passé l’article favorable aux couvents, sur les vœux à dix-huit ans.

« Une bonne demande à faire au roi et à la nation, et qui ya à la société générale des individus c’est de solliciter, pour tous les corps TeliJieuT, LEUR RÉUNION AU CLERGÉ SÉCULIER. » — Nulle part cette pensée intime de l'immense majorité des curés de 1789 n’est exprimée aussi bien.

Le cahier s’est prononcé pour le maintien des officiaux. Au contraire, le clergé paroissial « demande au roi et aux États généraux que la juridiction ecclésiastique soit désormais purement spirituelle, et que le contentieux soit remis aux justices séculières. »

Les riches inutiles qui refusent l'augmentation des portions congrues aux curés et la restitution des dimes aux paroisses, l'abbé Doléac les flagelle en ces termes : « La raison qui est imprescriptible veut que le luxe etla décoration paraissent au dernier rang dans l'Église de Dieu ; l'utilité est dans le sanctuaire la considération première, et toutes les dignités stériles et presque sans emploi, le dernier de

(1) Arch. Part, IL, 3542359,