Les derniers jours d'André Chénier

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LES DERNIERS JOURS

D'ANDRÉ CHÉNIER‘®

H y a huit jours, M. Jules Lemaître nous contait, vous savez avec quel charme, l’histoire d’une vie qui jusqu’au bout fut jolie comme un conte de fées.

J'ai à vous entretenir aujourd’hui d’une destinée qui commence à la façon d’un beau rêve, et qui finit comme un cauchemar.

Au printemps de l’année dernière, je me trouvais à Constantinople. Je venais de visiter, comme tout le monde, les vieux quartiers de Stamboul, où le spectacle trop continu des choses exotiques et barbares inflige au voyageur nourri d'humanisme la nostalgie de la civilisation. J'entendais chanter dans ma mémoire — en revoyant les rives merveilleuses de l'Hellespont et du Bosphore, terres illustres et malheureuses, longtemps ouvertes à l'influence douce et puissante des lettres et des arts, et d'où sont partis, après une effroyable catastrophe, les initiateurs de la Renaissance française, — j'entendais chanter les vérs du grand poète qui, venu de là-bas, a rajeuni, rafraîchi aux sources antiques la poésie de notre nation.

Vierge au visage blanc, la jeune Poésie,

En silence attendue au banquet d’ambroisie,Vint sur un siege d'or s'asseoir avec les dieux, 7 Des fureurs des Titans enfin victorieux. :

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R. H, 1909. — III, 3. 13