Les fêtes et les chants de la révolution française

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PRÉFACE. XIX

juillet 1830, avec sa splendide Apothéose « dontles fanfares, à dit Théophile Gautier, mêlent les voix des anges aux acclamations déjà lointaines des hommes ». Appréciation imagée qui n’est pas une simple parole de poète : le plus illustre rival de Berlioz, Richard Wagner, a confirmé l'éloge en louant, à propos de cette même œuvre, l'entente de l’auteur à produire des compositions parfaitement populaires, « populaires au sensle plus idéal du mot. Quand j'entendis, ajoute-t-il, la symphonie qu'il a écrite pour la translation des victimes de Juillet, j'éprouvai l’impression vive que le premier gamin en blouse bleue et en bonnet rouge devait la comprendre à fond : genre de compréhension qui, à vrai: dire, serait mieux exprimé par le terme national que popuJaire. Cette œuvre est noble et grande de la première à la dernière note; un sublime enthousiasme patriotique, qui s'élève du ton de la déploration aux plus hauts sommets de l'apothéose, la garde de toute exaltation malsaine ».

Et lui aussi, Wagner, doit être compris parmi ceux qui ont rendu leur hommage au génie populaire et n’en ont pas dédaigné les leçons. Dans son œuvre le plus directement inspirée du génie national allemand, les Maîtres chanjeurs de Nurenberg, avant de faire entonner en l'honneur du cordonnier-poète l'hymne célébrant le triomphe de son art, il lui faisait prononcer ces paroles :

« Il ne peut être mauvais que chaque année, à la fête de la Saint-Jean, on laisse le peuple venir à nous, et que vousmêmes, Maîtres, vous descendiez de vos hauteurs pour venir parmi le peuple. Laissez-le être juge aussi : — ilsaura dire luimême ce qui lui aura été à l'âme. Le peuple et l’art fleurissent et grandissent ensemble; telle est ma pensée, à moi, Hans Sachs. »

Et quand les Maîtres chanteurs objectent : « Comment le peuple pourrait-il être juge, lui qui ne connaît pas les règles », Sachs peut répondre que si le peuple ignore les règles, fruits laborieux de l’expérience, en revanche il sait pénétrer le génie, don de la nature. « Le contact de l'Art et du Peuple ne peut qu'être salutaire à tous deux. »

Voilà ce que fut la pensée, l'œuvre même de ces trois