Les fêtes et les chants de la révolution française

PRÉFACE. , XXIX

dans la main, qui s’allongea sans fin et qui tourna pendant des heures au son de musiques claires... » Qu bien ce sont les « Fêtes du Travail » les quatre randes fêtes de l’année, « qui mettaient la ville en grande allégresse, le premier jour de chaque saison. Chacune d'elles était marquée par des réjouissances particulières, empruntées à la saison même ». Et voici comment se célèbre la Fête de l'Eté :

« Dès six heures, des fanfares de trompettes sonnèrent,

assèrent en joyeux appels, annonçant la fête du Travail. Le soleil était déjà haut, un astre de joie et de force, dans un admirable ciel de juin, à l'immensité bleue. Des fenêtres s'ouvrirent, des saluts volèrent parmi les verdures, d’une maison à l’autre, et l’on sentit l’âme populaire de la Cité nouvelle entrer en allégresse, tandis que les appels des trompettes continuaient, éveillant de jardin en jardin les cris des enfants et les rires des couples d'amour...

« Le jour férié de chômage et de réjouissance embellissait encore la ville. Toutes les maisons étaient pavoisées, faisant claquer au léger vent du matin des oriflammes de couleurs vives, tandis que des étoffes éclatantes drapaient les portes et les fenêtres. Les seuils étaient couverts de roses, les rues elles-mêmes en étaient jonchées, une telle abondance de roses, poussées dans de vastes champs voisins, que la ville entière pouvait s’en parer comme une femme au matin des noces !. Des musiques retentissaient partout, des chœurs de jeunes filles et de jeunes hommes s'envolaient par de grandes ondes sonores, des voix pures d'enfant montaient très haut, se perdaient dans le soleil.

« … Puis ce sont partout des divertissements et des jeux, naturellement gratuits. Des enfants sont menés dans des cirques, pendant qu'une autre partie de la foule se rend à des réunions, à des spectacles ou à des auditions

1. La vision d'avenir d'Émile Zola ne l’a pas empêché de regarder au passé : cette partie de la description, sauf la poétique image finale, est presque textuellement empruntée au récit de la fête à Être suprême par Michelet, celui-ci écrit d’après des documents de 1794 : l'accord est parfait entre les trois époques.