Les hommes de la Révolution

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de mort, qui peut lui avoir tourné la tête, nous l'avons nommé juré du tribunal révolutionnaire, dont il est en même temps imprimeur. Or, et c'est par là que je voulais conclure, sans me permettre aucune réflexion, croirait-on qu'à ce sansculotte qui vivait si sobrement en janvier, il est dû, en nivôse, plus de 150.000 fr. pour impressions, par le tribunal révolutionnaire, tandis que moi, qu'il accuse, je n'ai pas accru mon pécule d’un denier. C’est ainsi que moi, je suis un aristocrate qui frise la guillotine, et que Nicolas est un sans-culotte qui frise la fortune. »

Le troisième numéro du Vieux Cordelier est resté justement célèbre. On sait que Camille,

sous prétexte de traduire Tacite et de décrire les.

mœurs romaines, y attaquait avec violence ceux

qu'il appelait les Césars de son époque} Il y. réclamait en outre son fameux Comité de clé-

mence et de justice.

Ce numéro tombait malencontreusement. Les cnnemis de la Révolution ne dissimulèrent pas leur joie. Mais il fallait bien autre chose pour arrêter la Terreur.

Le Vieux Cordelier fut terminé avec le sixième

numéro qui contenait un acte d'accusation ter-

rible contre Hébert et contre les Enragés. Robespierre devait s’en servir pour envoyer ses ennemis à la mort. Camille prétendait faussement qu'Hébert avait reçu 120.000 livres de Bouchotte et produisait de prétendues quittances. Il eut cependant affaire à forte partie. Hébert était de ceux qui savent se défendre.

Il n’est pas facile de porter un jugement impartial sur le Vieux Cordelier qui, selon le point de