Les hommes de la Révolution
— 218 à tous les besoins, sans faire de victimes, sans coûter de sacrifices, ne plaira peut-être point d’abord à tout le monde. L'égoiste, l'ambitieux frémira de rage. Ceux qui possèdent injustement crieront à l'injustice.
Jouissance exclusives, les plaisirs solitaires, les aisances personnelles, causeront de vifs regrets à quelques individus blasés sur les peines d'autrui. Les amants du pouvoir absolu, les vils suppôts de l’autorité arbitraire, plieront avec peine leurs chefs superbes sous le niveau de l'égalité réelle ; leur vue courte pénétrera difficilement dans
le prochain avenir du bonheur commun; mais que peuvent quelque milliers de mécontents contre une masse d'hommes tous heureux et surpris d’avoir cherché si longtemps une félicité qu'ils avaient sous la maïn.
Dès le lendemain de cette véritable révolution, ils se diront tout étonnés: Eh quoi! le bonheur commun tenait à si peu. Nous n'avions qu'à le vouloir. Ah! pourquoi ne l’avons nous pas voulu plus tôt? Fallait-il donc nous le faire dire tant de fois ? Oui, sans doute; un seul homme sur la terre, plus résolu, plus puissant que ses semblables, .que ses égaux, l’équilibre est rompu; le crime et le malheur sont sur la terre.
PEUPLE DE FRANCE,
À quel signe dois-tu donc reconnaître désormais l'excellence d’une Constitution? Celle qui tout entière repose sur l'égalité de fait est la seule qui puisse te convenir et satisfaire à tous tes vœux.