Les hommes de la Révolution

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<tat de résister sur la route de Paris. Les ministres parlaient de s'enfuir (1). Tous perdaient la tête. Pendant ce temps, les prisonniers manifestaient une joie bruyante et insolente; ils comptaient à haute voix le nombre de jours qu'il restait aux <nnemis pour arriver à Paris; ils menaçaient le peuple de représailles; des conspirateurs circulaient librement; les tribunaux refusaient de juger ouacquittaient scandaleusement les coupables (2) -La fureur du peuple allait croissant. On parlait tout haut de massacrer les prisonniers, d'en finir avec les traîtres, d'égorger les ennemis de l'intérieur avant de partir à la frontière.

Que faisaient les ministres et les Girondins pendant ce temps? Rien. Que faisait Marat? Il prévoyait les événements, annonçait l'explosion des colères et proposait des mesures destinées, dans son esprit, à éviter les massacres.

« Si le glaive de la justice, écrivait:il, frappe enfin les machinateurs et les prévaricateurs, on n'entendra plus parler d'exécutions populaires, cruelle ressource que la loi de la nécessité peut seule commander à un peuple réduit au désespoir

(1) Kersaint, arrivé de Sedan, disait: «Il faut absolument partir; car il est aussi impossible que dans quinze jours Brunswick ne soit pas à Paris, qu'il l’est que le coin n'entre pas dans la bûche quand on frappe dessus.» Il fallut la résistance de Danton pour qu’on n'abandonnât point Paris.

(2) Jusqu'au tribunal criminel du 17 août qui montra une indulgence extraordinaire, Montmorin venait d'être acquitté avec des considérants et des conclusions destinés à bafouer le peuple. Brissot écrivait dans le Patriote français qu'au lieu d'être l’effroi des conspirateurs, les tribunaux en étaient la sauvegarde.