Les hommes de la Révolution

Prague

lais (1), c'est un autre accusateur qui se lève à propos du pillage des boutiques du 25 février.

Le peuple mourait de faim. Dans l'Ami du Peuple, Marat lui conseilla d'entrer chez les boulangers et de s'emparer du pain qui lui manquait. Cette fois, on le tenait. L'appel au pillage et à l'insurrection était flagrant.

Brissot proposa un décret qui déclarât Marat en démence. Fonfrède demandait qu’on le condamnât à être saigné à blanc. Lesage déclara qu'on devait lui ôter la parole comme à un monstre qui n'a plus même le droit. d'élever la voix. Bancal se contenta de réclamer l'expulsion. Les têtes étaient sérieusement montées. Marat fit face à l'orage; il essaya de contenir l’Assemblée. Mais il'ne put venir à bout du tapage. Le décret d’arrestation fut voté. L’Ami du Peuple se retira alors sur cette boutade:

« Puisque mes ennemis ont perdu toute pudeur, le décret est fait pour exciter un mouvement; faites-moi donc conduire aux Jacobins pour que j'y prêche la paix. »

À sa sortie de la Convention, le peuple l'entoure. Les députés sont hués. Marat est embrassé, enlevé par les forts de la halle; des femmes lui offrent leurs maisons. Les Girondins comprirent que leur haïne les avait menés trop loin.

Le 34 avril, l'Ami du Peuple se présenta au Tribunal. Depuis sa mise en accusation, il s'était

(1) La veille, Barbaroux s'était réconcilié avec Marat son ancien maître. La vérité c'est que Marat s'était rendu à la caserne des Marseillais qu'il avait visitée. Peutêtre Barbaroux futil sincère et crut-il à une trahison de l’Ami du Peuple,

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