Les hommes de la Révolution

semblée piteuse se répandra dans les Tuileries, Marat va s'’avancer et ordonner:

« Je somme l’Assemblée de rentrer dans la salle des séances. »

Celui qui, peu de jours auparavant, était hué, conspué, bafoué, est aujourd’hui l’oracle de l’Assemblée qui s'incline et vote, au milieu du bruit, tout ce que Marat lui commande.

Le triomphe était complet autant que l'Ami du Peuple pouvait le désirer. Mais ce triomphe même était le’ signal de sa mort. Les Girondins vaincus devaient se venger (1).

Le 11 juillet, vers midi, Charlotte Corday descendait hôtel de la Providence, rue des VieuxAugustins. L'Ami du Peuple ne paraissait plus à la Convention depuis quelque temps. On le disait sérieusement malade. Les journaux ennemis ne se gênaient guère, d’ailleurs, pour souhaiter sa mort et poussaient ostensiblement à l'assassinat (2).

(1) Après cette dernière bataille, Marat voulut se retirer; il adressa une lettre à l’Assemblée pour expliquer-sa décision. L'Assemblée n’accepta pas. Chasles donna les motifs suivants: «Le parti de la Gironde, ayant réussi à faire passer Marat, dans les départements, pour un monstre, pour un homme de sang et de pillage, afin de les séparer d’une ville qui adoptait ses principes, ce serait donner gain de cause aux ennemis de la Révolution que de consentir à sa re. traite.» Marat resta, mais il était malade et à bout de force.

(2) Maure, envoyé par les Jacobins disait: « Nous venons de trouver notre frère Marat dans le bain. Une table, un encrier, des journaux, des livres auprès de lui l'occupaient sans relâche de la chose publique. Ce n'est point une maladie, mais une indisposition qui