Les idées du Comte de Maistre sur l'éducation des femmes : discours prononcé dans la Société des Conférences de la Palombelle, au college romain
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de Maistre, la fin de cette bonne vie patriarcale qu'il aimait si fort et le commencement de son existence errante.
La Révolution, qui, depuis plusieurs années déjà, agitait la France, venait de pénétrer dans la tranquille Savoie. Les troupes francaises, sous la direction du général de Montesquiou, l'avaient envahie le 22 septembre 1792. Dès que l'annexion fut prononcée, Maistre, dont les frères avaient déjà passé en Piémont pour y rejoindre leurs drapeaux, n’hésita pas un instant entre les intérêts gravement compromis de sa fortune et son dévouement à son Roi. Ce fut une heure douloureuse et solennelle que celle où il quitta, avec sa femme et ses deux enfants, le sol de Savoie pour se rendre dans la cité d’Aoste, au plus fort du rigoureux hiver de 1792 à 1793. « Lorsque «les Français entrèrent en Savoie, » — Gcrivait-il quinze ans plus tard au comte Diodati, à Genève, «et que je passai les Alpes pour suivre la fortune « du Roï, je dis à la compagne fidèle de toutes mes « vicissitudes, bonnes ou mauvaises, à côte d'un ro« cher que je vois encore d'ici: Ma chère amie, le « pas que nous faisons aujourd’hui est irrévocable: « il décide de notre sort pour la vie ». À peine cependant étaient-ils arrivés à Aoste que le gouvernement révolutionnaire, établi à Chambéry, faisait paraître la loi dite des Allobroges qui enjoignait à tous les émigrés de rentrer avant le 25 janvier, sans distinction d'âge ni de sexe, sous la peine ordinaire de la confiscation des biens. Madame de Maistre, dont la troisième grossesse était alors fort avancée,
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