Les impressions du comte de Las Cases sur l'Empire français en 1812

RD ane eee ee RÉEL AO LE ù \ 1 D 2!) LES IMPRESSIONS DU COMTE DE LAS CASES [351] rapport et de ces notes, on peut tirer quelques renseignements capables | ï d’intéresser, sur l’état de l’Empire français en 1812. a I ’

Il ne faut pas s'attendre à trouver des renseignements sur les individus. Las Cases, imbu de l’éducation littéraire du xvie siècle, pensa un Tia instant à faire de son voyage un récit littéraire (à son usage personnel), et, pour l’égayer, à y tracer les portraits de ceux qu'il avait fréquentés au cours de sa tournée. Cette galerie des préfets du premier Empire aurait pu être piquante. Il y renonça; « dans la crainte, dit-il, que si mes papiers venaient à éprouver jamais quelque accident, ils pussent préjudicier à eux ou même à moi ». C’est à peine si deux silhouettes se dessinent en passant : Ramond, l’explorateur des Pyrénées, devenu préfet du Puy-de-Dôme, « plus attaché encore aux recherches scientifiques qu’à l'administration » ; le préfet de Maine-et-Loire, Elie d’Oissel, ancien chirurgien, représenté comme un partisan de la laïcisation des hôpitaux. L'auteur apparait plus nettement ; c’est un esprit polyphile, tout l’intéresse, et il utilise largement son voyage pour voir et s’instruire ; il se révèle ingénieux, plein d'idées, parfois un peu chimériques et littéraires, spécieuses souvent. L'observation ne semble pas faussée par une admiration préconcue : il note, nous le verrons, la famine de 1812, : l’excessive centralisation, la ruine du Midi. Au passage, on sent des [2 traces sensibles d'esprit aristocratique, et l'influence de son séjour d’émigrt en Angleterre. Il remarque qu’au dépôt de mendicité de Marseille, les cachots employés comme lieux de punition sont très insalubres. Pourquoi ne pas substituer à leur emploi celui « de corrections manuelles et instantanées ?.. Je ne pense pas qu’on craignit de les avilir; d’ailleurs, on emploie ces manières dans des pays aussi civilisés et aussi philanthropes que le nôtre, et le sentiment délicat qui les proscrit doit s'arrêter à cette classe, déjà voute par elle-même et volontairement à l'avilissement et à la désradation. Il ÿ a bien plus de réelle humanité à leur échanger le cachot, qui attaque leur santé, contre des coups, qui n’ont pas de suites . nuisibles pour leur existence ». On ne sent pas que les Droits de l’homme aient té proclamés vingt ans auparavant, et que le Sentiment de la dignité humaine soit devenu en France plus vif et plus chatouilleux. |

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1. Il est même curieux de comparer cet examen sincère au résumé dithyrambique qu'il | en à donné plus tard, dans l'enthousiaste Mémorial (20 juillet 1816).