Les Régicides

LES RÉGICIDES 9

ni sa qualité de prêtre, ni son opinion contre la peine de mort ne lui permettaient d'y apposer sa signature à moins que les deux derniers mots ne fussent supprimés, ce à quoi les autres consentirent. On conçoit qu’ils aient subi l’ascendant d’un homme qui refusa non seulement d’abjurer, mais même d’abdiquer comme l’évêque de Paris Gobel dans la fameuse séance du 7 novembre 1793 et continua de siéger jusqu’au bout en costume d’évêque. Cette courageuse attitude lui valut la protection de Robespierre ; elle n'empêchera pas la Chambre relrouvée de l’exclure de son sein comme indigne (séance du 6 décembre 1819).

Parmi les 27 membres dont les votes n’ont pas été comptés, deux s'étaient récusés pour des motifs personnels. Lafon (Corrèze) déclare qu’arrivé le 9 janvier, il n’a pasconnaissance certaine des faits et des preuves de conviction. Noël (Vosges), dont « le fils est mort sur la frontière, en défendant la patrie > déclare « qu'il ne peut être juge de celui qu'on regarde comme le & principal auteur de celle mort.» L'un et l’autre ne prirent part à aucun scrutin.

Il en fut de même de Morisson (Vendée), qui se borne à dire : « Je ne veux prononcer sur aucune des questions posées. >» On sait que Morisson avait défendu contre Mailhe le dogme de l’inviolabilité du roi et, tout en considérant Louis XVI comme coupable, soutenu qu’il ne pouvait être jugé.

L'opinion de Morisson fut reproduite en termes différents, mais ayant bien le même sens, par plusieurs autres membres. Il faut toutefois distinguer.

Les uns se récusent sans faire connaître leur opinion. «Je ne « crois pas être ici pour juger des criminels; ma conscience Sy « refuse; en conséquence je me récuse. » Baraïlon (Creuse). « Je déclare que je ne suis pas juge et qu'en conséquence je ne dis ni « Oui ni Non. » Lalande (Meurthe), évêque. — «J'ai cru ne venir « à la Convention que comme législateur et la douceur de mes < mœurs ne m'aurait pas permis de me porler comme juge ni direc« lement, ni indirectement, en matière criminelle. » Wandelaincourt (Haute-Marne), évêque. — « Je ne prononcerai n1 comme