Les serviteurs de la démocratie
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6 ‘LES-SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE
‘affirme également que, même sous l’habit ecclésiastique,
il conserva le franc parler du philosophe et de l’écrivain. Mais les anecdotes citées à cet égard manquent d'authenticité. Ce qui est probable c’est que Rabelais reprit l’habit du prêtre afin de se mettre à l'abri de tout danger.
À la veille de la Révolution française un écrivain du nom de Ginguené publia un opuscule dont le titré alors n'était que juste. Le voici : De l’influence et de l'autorité de Rabelais dans la présente Révolution. Cet opuscule réédité de nos jours par notre grand historien national Henri Martin, établit ce que nous venons de démontrer brièvement : à savoir qu'il faut saluer dans Rabelais le précurseur des philosophes du dix-huitième siècle, et en particulier de Montesquieu et de Voltaire. Montesquieu, en effet, dans ses Lettres persanes, reprend les arguments de Rabelais contre les juges et les moines. Quant à Voltaire, il s'inspire dans la guerre qu'il livre à l'intolérance des moqueries du Pantagruel.
Rabelais, ce puissant railleur, est encore un ancètre de la Révolution française par l'abondance de sa verve et la fermeté de sa foi dans le triomphe de la vérité.
Qu'est-ce que le rire, sinon la santé de l'esprit ? Qu'est-ce que l’ironie, sinon l’arme qui fait au despotisme des blessures inguérissables. Certes il est permis de trouver que Rabelais abuse de sa santé en riant trop. Il est robuste comme un géant, et ses joyeusetés nous paraissent, à nous autres, délicats du xix° siècle, empreintes d’énormité ! Mais il était nécessaire qu’elles fussent ainsi pour forcer et pour fixer l’attention d’un siècle qui, avant de s’indigner contre les abus, avait besoin de les regarder à travers un verre grossissant.
A l’école de Rabelais, il est évident que la France n’a pas appris l’héroïsme; elle a du moins appris le bon