Les serviteurs de la démocratie

182 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

Carrel, préventivement. « Je vais rester chez moi, disaitil, armé et prêt à repousser par la force toute tentative arbitraire. » Il ne fut pas poursuivi et, depuis cet article, on renonça à arrêter préventivement les écrivains.

III

Armand Carrel n’était pas seulement un polémiste

d’une rare vigueur, un chef de Parti devant qui tous s’inclinaient avec déférence : c'était aussi un orateur

incisif et puissant. Arrêté à plusieurs reprises, traduit en cour d'assises, il se défendit lui-même; il obtint comme orateur des succès égaux à ceux qu'il avait obtenus comme journaliste. IL prêta même le secours ‘de sa parole à des républicains compromis dans les insurrections.

On voit qu'Armand Carrel était préparé à remplir tous les devoirs d’un chef de parti. Toujours et partout il payait de sa personne, allant en prison, se rendant sur le terrain pour l'honneur de son journal, figurant en cour d'assises lour à tour comme accusé ou comme défenseur officieux. Carrel a publié des livres d'histoire qui sont des modèles d'exposition claire et rapide ; il obtint ainsi une grande popularité et une considération plus grande encore. Ce dernier mot de considération est celui qui convient surtout à un tel caractère.

Que d’espérances un tel homme faisait concevoir ! Quelle force il apportait au parti républicain. Tout cela vint s’anéantir dans un duel à jamais déplorable.

Armand Carrel n'avait ni voulu ni souhaité cetts triste affaire. Les violences de polémique, les injures et les outrages, nous l'avons déjà dit, n’entraient pas