Les serviteurs de la démocratie

188 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE Il

Il y resta plusieurs années. Sa santé compromise faisait que l’emprisonnement dans une forteresse, avec des geôliers implacables et une règle draconienne, était pour lui une agonie anticipée. Il essaya de s’y soustraire par la fuite. Plusieurs de ses co-détenus avaient demandé au suicide un refuge contre les maux intolérables de cette prison d’État. Barbès fut relevé le bras cassé sur le terrain du cimetière. Cette malheureuse tentative d'évasion attira l'attention du gouvernement, et provoqua une enquête dont la conclusion fut le transfèrement de Barbès dans la maison centrale de Nîmes. C’est là que la République de 4848 vint lui rendre sa liberté, Sans perdre une heure, Barbès partit pour Paris. Il sentait que sa présence était nécessaire dans la grande ville. Là était le péril et le devoir, là par conséquent était sa place.

Le département de l'Aude s’honora en confiant à son héroïque fils, Armand Barbès, le mandat de député. Celui-ci, qui aurait voulu à la fois modérer la population des clubs et pousser le gouvernement à des actes d'un caractère radicalement démocratique, fut placé dans la plus difficile des situations. Au 15 mai, lors de linvasion de la Chambre, il s’efforça de contenir les envahisseurs et de faire adopter par les députés ses collègues des mesures en faveur des nationalités Opprimées et du peuple sans travail et sans pain.

L'Assemblée ayant été dissoute contre sa volonté, Barbès, entrainé à l'Hôtel de Ville, fut proclamé membre d’un gouvernement qui ne dura pas même une heure.

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