Les serviteurs de la démocratie

200 LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

enthousiastes sur Manuel et sur la liberté. Des applaudissements éclatèrent, on fit une ovation à ce jeune homme. Le lendemain, les journaux annonçaient qu'un maître de conférences à l’École normale supérieure venait d’être destitué pour crime de discours séditieux prononcé dans un cimetière. Ce maitre de conférences se nommait Armand Marrast.

IL était né à Saint-Gaudens, dans la Haute-Garonne, en 4801. Sa famille, d’origine patricienne, possédait une assez grande fortune. Malheureusement cette fortune fut perdue par le père d’Armand Marrast dans des spéculations honnêtes, mais mal conçues. À partir de ce moment, le jeune Armand était condamné à travailler pour vivre. Qand le désastre de sa famille éclata, Marrast avait dix-huit ans. Il n’hésita pas à entrer comme maître d'études dans une institution privée. Grâce à sa persévérance et à son intelligence, il parvint à conquérir tous les grades universitaires, jusques et y compris le grade de docteur ès leltres. Le philosophe La Romiguière, qui avait entendu parler du jeune Méridional, voulut le connaître et lui conseilla d'entrer à l’École normale.

Marrast était plus journaliste que professeur. La politique l’attirait, on vient de le voir. Il donna des articles à plusieurs revues de ce temps-là. Et, chose originale, il réfutait au jour le jour chacune des leçons de Victor Cousin sur l’éclectisme.

La Révolution de 1830 éclate. Marrast est au premier rang de ceux qui combattent sur les barricades contre les ordonnances de juillet. La meülleure des républiques étant devenue le règne de Louis-Philippe, Marrast resta dans l’opposition et prit la rédaction en chef du journal la Tribune. Comme publiciste, il brille par l'audace et la verve, Ces qualités ont quelquefois coûté cher, en

À