Les serviteurs de la démocratie
MOLIÈRE 93
qu'il avait attaqués, les marquis aux dépens de qui il avait fait rire, les bourgeois vaniteux dont il révélait les ambitions grotesques. C'étaient là beaucoup d’adversaires. En revanche, il eut avec Jui et il garde avec lui tous ceux qui aiment la franchise du langage, la dignité des sentiments, la science sans le charlatanisme, l'indépendance d'esprit et la fierté du caractère. De tous les types créés par Molière, l'un des plus sympathiques et le plus remärquable à coup sûr, c’est la femme du peuple, la servante de comédie. Qu'elle s'appelle Marton ou Lisette, elle incarne en elle le bon sens hardi, l'honnêteté vraie, le jugement sain et ferme. C’est cette servante qui donne à M. Jourdain des leçons de morale, c’est elle qui favorise dans leurs légitimes amours, les jeunes gens persécutés par des pères avares ou des barbons trop entreprenants. C’est elle toujours qui, dans la plupart des scènes, lance le mot décisif, débrouille les situations compliquées, démasque les intriganis et permet aux jeunes amoureux de se marier selon leur cœur.
Nous ne saurions oublier que Molière s’est peint lui-même dans un de ses personnages ef que là il a fait voir ce qu'était la vieille société. Alceste, c'est-à-dire Molière, spnonee le grand siècle comme un siècle de corruption.
Je ne trouve partout que lâche flatterie, ‘ Injustice, intérêt, trahison, fourberie ;
Et il conclut en ces termes :
* Je vais chercher enfin un endroit écarté Où d'être homme d'honneur on ait la liberté!
Molière-Alceste avait raison ; le xvu° siècle, malgré ses grandeurs réelles et apparentes (il eut les deux), n’était rien moins que le siècle de la justice et de la